Formation du personnel soignant dans l'Arc jurassien franco-suisse

Au cours de l'année 2022, 3 150 diplômes¹ ouvrant l’accès à la profession de soignant ont été délivrés dans l'Arc jurassien. Pour un peu moins de la moitié (45 %), il s'agit de diplômes pour exercer en tant qu'infirmiers ou sages-femmes. L'autre part correspond à des diplômes d'aides-soignants en France et de soignants intermédiaires en Suisse.

Cette répartition est différente de celle des soignants déjà en exercice dans l’Arc jurassien qui sont majoritairement des infirmiers. La différence s’explique par le fait que dans le système de formation suisse, l’obtention d’un diplôme de soignant intermédiaire ne constitue qu’une relève théorique2. En effet, une part importante de ces nouveaux diplômés poursuit son parcours de formation en vue de l’obtention d’un diplôme d’infirmiers. Selon l’OFS, cette part est estimée à 19 % pour les cantons de Vaud, Neuchâtel et du Jura et à 42 % pour le canton de Berne.

En France, les voies pour devenir soignant, c’est-à-dire aides-soignants, infirmiers ou sages-femmes, sont distinctes et jusqu’en 2023 sans passerelles directes entre elles. Le diplôme d’aides-soignants ne permettait pas en France d’intégrer un IFSI en dehors de la formation professionnelle. Cette dernière n’est accessible qu’au bout de trois d’années d’expérience.

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1 : Les diplômes de spécialisation d’infirmier sont exclus. En Suisse, il s’agit des infirmiers spécialisés des écoles supérieures (postdiplômes ES), des hautes écoles spécialisées (postdiplômes HES) ainsi que les titres universitaires en soins infirmiers (master et doctorat). En France, il s’agit des diplômes d’État d’infirmiers de bloc opératoire et d’infirmiers anesthésistes.

2 : Le dispositif de formation suisse est davantage perméable, et la poursuite des études en vue de l’obtention d’un diplôme d’infirmier est la suite naturelle de l’obtention d’un CFC d’assistant en soins et santé communautaire pour une part non négligeable d’entre eux.

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Après la correction pour doubles comptes, 86 diplômes sont délivrés dans l’Arc juras-sien pour 100 000 habitants, davantage dans la partie suisse (88 diplômes) que dans la partie française (81 diplômes). Cette différence provient principalement d’une plus grande délivrance de diplômes d'aides-soignants et de soignants intermédiaires dans l’Arc jurassien suisse. En effet, 41 diplômes de soignants intermédiaires pour 100 000 habitants y sont délivrés, tandis que la partie française n’en délivre que 36 pour 100 000 habitants. En revanche, pour les diplômes d'infirmiers et de sages-femmes, le nombre de diplômes pour 100 000 habitants est très similaire entre les deux versants de l'Arc jurassien, avec respectivement 45 et 47 diplômes pour 100 000 habitants.

La proportion de diplômés par habitant de l’Arc jurassien est supérieure aux moyennes nationales. Ainsi, 81 diplômés pour 100 000 habitants sont formés dans l’Arc jurassien français contre 67 pour 100 000 habitants en moyenne française. De même, bien que l’écart soit moindre, 88 diplômés pour 100 000 habitants sont formés dans l'Arc jurassien suisse contre 84 pour 100 000 habitants en Suisse.

Le nombre de diplômes sanctionnant des formations aux métiers de soignants a augmenté de 9 % entre 2017 et 2022 dans l'Arc jurassien. La croissance est deux fois plus forte dans les disciplines de soins infirmiers (+ 11 %) que dans les formations de soignants intermédiaires et aides-soignants (+ 6 %).

Cette hausse est essentiellement le fait de l'Arc jurassien suisse. Le nombre de diplômes délivrés y a progressé de 12 % entre 2017 et 2022. C’est en grande partie dû à l’augmentation du nombre de diplômes d’infirmiers décernés (+ 18 %), les diplômes menant aux métiers des soins intermédiaires augmentant également mais dans une mesure moindre (+ 7 %).

Tous les cantons de la région ont profité de cette dynamique, avec une hausse particulièrement marquée dans les cantons de Vaud et du Jura, qui enregistrent les plus fortes progressions en termes de diplômes décernés. Cependant, cette croissance dans l’Arc jurassien reste inférieure à celle observée à l’échelle de la Confédération, qui a atteint +17 % sur la même période.

Dans l’Arc jurassien français et sur la même période, le nombre de diplômes délivrés n’a que peu progressé et est resté proche de 810 diplômes par an, tous diplômes confondus. Cette stabilité des effectifs est tout de même plus favorable que l’évolution pour l’ensemble de la France. En effet, le nombre de diplômes dans le domaine des soins y a diminué de presque 6 % entre 2017 et 2022.

Dans l’Arc jurassien français, ce résultat est le fait de l’augmentation de la délivrance de diplômes d’aides-soignants (+ 5 %) et à une baisse du nombre de diplômes d’infirmiers, toutefois moins forte qu’au niveau national. La baisse de la délivrance du nombre de diplômes d’infirmier s’inscrit dans la tendance à l’augmentation régulière, ces dernières années, des abandons en cours de formation. Au niveau national, les taux d’abandons en première année étaient de 5 % pour les aides-soignants en 2015 et de 4 % pour les infirmiers. En 2021, ils ont doublé et atteignent même 13 % en 2022 pour le cursus infirmier. Le taux d’abandon cumulé sur les trois années de formation pour les infirmiers ayant obtenu leur diplôme en 2022 est de 18 %, alors que ce taux n’était que de 10 % en 2014. L’augmentation du nombre d’entrées en école d’infirmière à partir de 2021, pourrait, si l’évolution des taux d’abandon le permettent, se répercuter dès 2023 par une augmentation du nombre de diplômes d’infirmiers délivrés.

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En 2022, on compte sept établissements dans l’Arc jurassien français proposant des formations pour devenir soignants. Ils sont principalement répartis dans le Doubs, en relation avec la présence du Centre Hospitalier Universitaire de Besançon. Ce dernier est le seul site à posséder toute la panoplie des formations en soins, avec des établissements de formations allant des aides-soignants aux infirmiers spécialisés en passant par les sages-femmes.

Ailleurs, les cursus IFAS et IFSI sont souvent regroupés au sein des mêmes établissements. En particulier, l’IFSI de Belfort-Montbéliard issu du regroupement des deux IFSI de Belfort et de Montbéliard, a lui délivré en 2022 le plus grand nombre de diplômes de soignants (aides-soignants ou infirmiers) au niveau de l’Arc jurassien français.  

Les autres établissements de formation sont associés avec les deux principaux hôpitaux du département du Jura. Il s’agit de l’IFSI du centre hospitalier Louis Pasteur de Dole, et de celui de l’établissement «Croix-Rouge Compétence» situé sur le site de l’hôpital de Lons-le-Saunier mais géré par la Croix-Rouge Française.  

En 2022, l’Arc jurassien français recense 2 100 étudiants dans les établissements de formation de soignants, dont trois étudiants sur quatre le sont dans l’une des trois années de formation d’infirmiers. Le département du Doubs accueille 75 % des étudiants en IFSI «infirmier» et 69 % des étudiants en IFAS.

En 2022, il y avait dans l’Arc jurassien français 1 035 personnes inscrites en première année dans une formation de soins : 576 en première année d’IFSI ou de sages-femmes et 459 en IFAS. Ce nombre d’inscrits est supérieur de 12 % à ce qu’il était en 2017. Entre ces deux années de comparaison, les deux grandes filières, IFSI et IFAS, ont vu leur nombre d’inscrits évoluer de façon assez similaire, respectivement de + 14 % et de + 13 %.

Cette augmentation fait essentiellement suite à la crise Covid et la volonté de revaloriser le secteur médical («Accords du Ségur de la santé – 2020»). Ces accords prévoient un objectif de doublement au niveau national des entrées en formation d’aides-soignants d’ici 2025.

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Dans l'Arc jurassien suisse, les formations en soins sont assurées par divers établissements couvrant un large éventail de niveaux allant de la formation professionnelle initiale via des apprentissages jusqu'aux études universitaires.

Les établissements de formation initiale et de formation continue sont présents dans tous les cantons. Mais seuls les cantons de Berne et de Vaud disposent de la filière de formation complète dans le domaine des soins et concentrent les hautes écoles autour de leurs centres hospitaliers universitaires. Ces établissements tertiaires, via la coopération intercantonale, bénéficient à l'ensemble des étudiants de l'Arc jurassien suisse.

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En 2022, 500 bachelors en soins infirmiers ont été décernés dans les cantons de l’Arc jurassien suisse, dont 62 % dans le canton de Vaud et 25 % dans celui de Berne. De plus, 107 diplômes de bachelor en sage-femme ont été attribués, principalement dans le canton de Berne (70 %) et le reste par le canton de Vaud. Au-delà du bachelor, la Haute école spécialisée bernoise (HESB) et la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO) proposent des formations au niveau master. Elles ont octroyé 38 titres de master en sciences de la santé en 2022, tandis que l'Université de Lausanne a délivré 47 masters en sciences infirmières.

Pour la formation professionnelle supérieure, 500 titres ont été décernés en 2022 dans l’Arc jurassien suisse, dont près d'un quart étaient des diplômes postgrades et 7 % des brevets fédéraux.

Concernant la formation professionnelle initiale (degré secondaire II), le certificat fédéral de capacité (CFC) d’assistant en soins et santé communautaire (ASSC) est le plus souvent décerné, avec 1160 titres en 2022. En outre, 184 attestations de formation professionnelle (AFP) d’aide en soins et accompagnement (ASA) ont été délivrées la même année. Les cantons de Berne et de Vaud octroient la majorité de ces diplômes.

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Compte tenu des différences entre les deux systèmes de formation, et afin de mettre en évidence le nombre de nouveaux soignants formés de chaque côté, le nombre de diplômes pour 100 000 habitants a été corrigé afin de les rendre davantage comparables en première approximation.
Pour ce faire, du côté suisse le nombre de diplômes de soignants intermédiaires a été réduit de 19 % dans les cantons du Jura, de Neuchâtel, et Vaud, et de 42 % dans le canton de Berne. Ces proportions correspondent, selon l'OFS, à la part de diplômés CFC qui poursuivent leur formation dans le degré tertiaire.
Du côté français, en miroir, on réduit du nombre de diplômes d'aides-soignants le nombre de diplômes d'infirmiers obtenus par d'anciens aides-soignants. Cette part estimée ici à 11,5 %. Elle correspond à la part des élèves inscrits en IFSI déclarant avoir déjà obtenu le diplôme d'aide-soignant ("La formation aux professions de santé en 2016", Étude DREES, cf biblio).

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Le personnel soignant

Le personnel soignant est classé en deux catégories professionnelles :

• Les infirmiers : cadres infirmiers, infirmiers psychiatriques, infirmiers spécialisés hors d’infirmiers puériculteurs, « infirmiers en soins généraux salariés », infirmiers libéraux et sages-femmes
• Les aides-soignants de la fonction publique ou du secteur privé.  

Les diplômes pris en compte dans cette étude

• Les diplômes d’infirmier d’État qui débouchent sur des emplois d’infirmier à l’exception des diplômes d’État d’infirmier puériculteur
• Les diplômes d’État de sage-femme
• Les diplômes d’État d’aides-soignants d’État qui débouchent sur des emplois d’aides-soignants.

Les sources utilisées dans cette étude

• Enquête école 2022, Drees : l’enquête auprès des écoles de formation aux professions de santé, dite enquête « Écoles », dénombre et identifie les établissements de formation aux professions de santé non médicales et à la profession de sage-femme, et recueille des informations sur le nombre d’étudiantes ou élèves en formation (nombre de candidates, nombre d’inscrites, nombre d’interruptions de scolarité sans annonce de report, etc.) et de diplômes délivrés. Elle permet aussi de mettre à jour le répertoire Finess, qui recense les établissements dans le domaine sanitaire et social.
• Recensement de la population 2021 pour les populations légales, Insee.

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Le personnel soignant

Le personnel soignant est classé en trois catégories établies selon la nomenclature des professions qui laissent apparaitre une hiérarchisation du point de vue du poste occupé, généralement basée sur la formation acquise.

• Le personnel de niveau de formation tertiaire (HES et formation professionnelle supérieure) correspond à la catégorie « infirmiers diplômés et sages-femmes » 
• Le personnel en possession d’un titre de niveau secondaire II (apprentissage ou une formation dans une école professionnelle AFP et CFC) à la catégorie «soignants intermédiaires» 
• Le personnel avec une formation inférieure ou sans formation à la catégorie « auxiliaires de soins ». Cette dernière catégorie n’est pas analysée dans cette étude par manque de données exploitables. Il s’agit principalement des formations dispensées par la Croix-Rouge suisse en tant qu'auxiliaires de santé.  

Les diplômes pris en compte dans cette étude

 Degré tertiaire

    Hautes écoles

• Doctorat en sciences des soins infirmiers
• Master en sciences des soins infirmiers
• Bachelor en soins infirmiers
• Bachelor de sage-femme

     Formation professionnelle supérieure

• Diplômes en soins infirmiers (ES)
• Diplômes en techniques opératoires (ES)
• Diplômes postgrades en anesthésie (EPD ES)
• Diplômes postgrades en soins d'anesthésie, intensifs et d'urgence (EPD ES)
• Diplômes postgrades en soins intensifs (EPD ES)
• Diplômes postgrades en soins d'urgence (EPD ES)

    Examens fédéraux

• Brevet fédéral de spécialiste soins longue durée et accompagnement (BF)

Degré secondaire II

     Formation professionnelle initiale

• Attestation de formation professionnelle d'aide en soins et accompagnement (AFP)
• Certificat fédéral de capacité d'assistant en soins et santé communautaire (CFC)

Les sources utilisées dans cette étude

•  OFS - Statistique de la formation professionnelle initiale, Statistique des diplômes, Étudiants et examens finals des hautes écoles

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•  Analyses longitudinales dans le domaine de la formation. Parcours de formation dans le domaine des soins - OFS (2021).
• Système éducatif suisse - SEFRI (2021).
• Le portail officiel suisse d’information de l’orientation professionnelle, universitaire et de carrière - CSFP (2021).
• Numerus « PERSONNEL DU SECTEUR DE LA SANTÉ » de janvier 2024 - Statistique Vaud.
• "Aides-soignants : de moins en moins de candidats à l'entrée en formation et une baisse du nombre d'inscrits" - Drees - Études & Résultats n° 1135 Décembre 2019
• "Les étudiantes en formation d'infirmière sont trois fois plus nombreuses à abandonner en première année en 2021 qu'en 2011" - Drees- Études & Résultats n° 1266 Mai 2023
• "La formation aux professions de santé en 2016 (hors professions médicales et pharmaceutiques)" - Drees- Document de travail - Série "statistiques" n° 205 - octobre 2018

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