Activités présentielles dans l’Arc jurassien - Édition 2021

novembre 2021

L’Arc jurassien compte 534 000 emplois relevant de la sphère présentielle en 2018, qui représentent six emplois sur dix. Ces emplois sont davantage occupés par des femmes que ceux de la sphère productive. C’est particulièrement le cas dans les activités de la santé et du social qui représentent un emploi présentiel sur cinq. Les secteurs de l’emploi touristique sont peu développés dans l’Arc jurassien, seul le Haut-Jura franco-suisse - Vallée de Joux se distingue par une offre plus abondante.

Depuis 2011, l’emploi de la sphère présentielle est en croissance, entraîné principalement par la forte dynamique de la partie suisse. Cependant, des disparités importantes entre territoires apparaissent quant au nombre d’emplois présentiels rapporté à la population présente. L’offre d’emploi présentiel est plus riche du côté suisse, avec une part plus importante des services marchands, en raison de sa plus grande urbanisation et la présence de grandes agglomérations. Dans l’Arc jurassien français, davantage rural, le poids des administrations publiques est plus important. Pontarlier se distingue par une offre commerciale particulièrement diversifiée pour une petite agglomération.

Sommaire

 

- L’emploi présentiel est en hausse de 6 % dans l’Arc jurassien entre 2011 et 2018

- La santé et le social, premiers pourvoyeurs d’emplois présentiels

- L’offre d’emplois présentiels par habitant est plus abondante en Suisse

- Un profil de l’emploi présentiel spécifique à chaque territoire

- Méthodologie

 

Selon les dernières données disponibles, 60 % des emplois occupés dans l’Arc jurassien en 2018 concernent la production de biens et services répondant à la demande de la population présente. Dans cet espace transfrontalier, encore à vocation industrielle, la part des activités présentielles est légèrement plus faible qu’en moyennes nationales (65 % en France et 61 % en Suisse). Cependant, leur importance au sein du tissu économique n’a cessé de croître ces dernières années, ceci s’explique par la croissance démographique et la dynamique de l’emploi de l’Arc jurassien, respectivement + 4,5 % et + 4,8 % entre 2011 et 2018.
De part et d’autre de la frontière, l’offre de services présentiels est concentrée dans les centres urbains et les chefs-lieux administratifs. Elle est, toutefois, inégalement répartie sur l’ensemble du territoire. Elle repose sur 189 950 emplois présentiels du côté français contre 344 470 du côté suisse. Leur importance au sein du tissu économique est plus forte dans la partie française, 62 % contre 59 %. De même, ces activités sont davantage présentes hors territoires de coopération, que dans l’ensemble des quatre territoires de coopération, 63 % contre 55 %. 

L’économie présentielle est l’ensemble des activités mises en œuvre sur un territoire pour la production de biens et de services destinés à satisfaire les besoins des populations présentes, résidentes ou touristiques. Parmi les principales activités présentielles figurent l’éducation, la santé et l’action sociale, le commerce, l‘administration, la construction, l’hôtellerie et la restauration, les activités financières et le transport de voyageurs. Ces activités sont orientées vers les marchés locaux, leur évolution dépend donc de la distribution spatiale de la population. Pour une définition plus détaillée «Méthodologie  »

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L’emploi présentiel est en hausse de 6 % dans l’Arc jurassien

Entre 2011 et 2018, l’emploi présentiel de l’Arc jurassien est en croissance de 6 % (+ 29 870 emplois), entraîné notamment par une dynamique forte dans le secteur santé et social*, qui concentre 56 % de la hausse des emplois des activités présentielles durant cette période. 
L’emploi présentiel se développe fortement dans la partie suisse de l’Arc jurassien. Il y croît de 11,2 %, s’appuyant sur une démographie en hausse de 7,5 % et une croissance des emplois productifs de 6,7 %. A l’inverse dans la partie française l’emploi présentiel baisse de 2,5 %, sous l’effet d’une dynamique défavorable de l’emploi productif (- 3,7 %) alliée à une faible croissance démographique (+ 1 %). Ce contexte peu favorable à l’emploi présentiel est en partie à mettre sur le compte de la déprise industrielle en cours dans le pôle métropolitain Nord-Franche-Comté, agglomération de première importance de l’Arc jurassien français.

Cette situation défavorable côté français pèse sur le Territoire de coopération Nord Franche-Comté - Canton du Jura qui perd 4,6 % de ses emplois présentiels entre 2011 et 2018.
Concernant les autres territoires, l’emploi présentiel y augmente nettement au cours de cette même période. La hausse est de 9,8 % dans l’Aire de proximité Mont d’Or -  Chasseron, et de 8,1 % dans le Haut-Jura franco-suisse - Vallée de Joux, ces deux zones étant portées par des dynamiques démographiques favorables. Hors territoire de coopération, l’emploi présentiel croît sensiblement au même rythme, la hausse y étant d’environ 8 %. En revanche, l’emploi présentiel augmente peu dans le territoire Parcs du Doubs - Agglomération urbaine du Doubs (moins de 2 %), malgré une hausse de la population de 3,8 %.

*Dans cette étude, l’économie présentielle a été catégorisée en sept groupes d’activités présentielles homogènes. Le détail de ces regroupements est disponible en page 8.

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6 % des emplois présentiels sont occupés par les frontaliers

Six frontaliers sur dix, soit près de 19 500 travailleurs frontaliers français occupent un emploi dans l’économie présentielle de l’Arc jurassien suisse, ce qui représente 6 % des emplois présentiels. Ils exercent essentiellement dans les domaines de la santé et du social (31 %), du commerce (20 %) et de la construction (15 %). Les travailleurs frontaliers sont très peu présents dans l’éducation et les services au public. Ce sont majoritairement des hommes (52 %) contrairement aux travailleurs de l’Arc jurassien suisse (46 %), notamment dans le secteur du commerce où ce taux atteint 61 % chez les frontaliers contre 45 % chez les travailleurs de l’Arc jurassien suisse.

La santé et le social, premiers pourvoyeurs d’emplois présentiels

Le secteur de la santé et du social est de loin celui qui fournit le plus d’emplois présentiels dans l’Arc jurassien. En effet, les emplois dans la santé et le social représentent près d’un quart des emplois présentiels de l’Arc jurassien suisse.
Un emploi présentiel sur cinq relève des services marchands. L’enseignement est également un gros pourvoyeur d’emplois présentiels (16 %), de même que le commerce (14 %). Près d’un emploi présentiel sur dix est exercé dans la construction.
Toutefois, les activités sur lesquelles repose l’emploi présentiel varient selon le pays. Pour des raisons qui tiennent aux différences d’organisation politique et administrative, la part des emplois dans les services au public, et notamment dans l’administration publique, est deux fois plus importante dans l’Arc jurassien français que dans l’Arc jurassien suisse. Les activités présentielles concernent davantage le secteur privé dans l’Arc jurassien suisse, les services marchands y sont plus développés. Les activités financières et d’assurance, ainsi que l’hébergement-restauration y sont notamment plus représentés.

Les secteurs de l’emploi touristique* sont peu développés dans l’Arc jurassien

Dans la plus grande partie de l’Arc jurassien, l’économie présentielle est principalement tournée vers les habitants permanents et moins vers les touristes que dans d’autres régions françaises ou suisses. En effet, les activités touristiques se limitent au tourisme de montagne ou au tourisme d’affaires et culturel le long des lacs Léman et de Neuchâtel. Ce tourisme très saisonnier ne permet pas l’installation de certains équipements coûteux qui nécessitent une clientèle plus pérenne pour assurer leur rentabilité.

* La définition des secteurs d’activité de l’emploi touristique est disponible en page 8.

Des établissements de petite taille 

En 2018, 71 % des établissements de l’Arc jurassien sont actifs dans le secteur présentiel. Leurs tailles diffèrent peu de celles observées dans la sphère non présentielle. Ce sont essentiellement de petits établissements, de moins de 10 emplois (89 %) et dans une moindre mesure ceux de 10 à 49 emplois (10 %). Au-delà de 50 emplois, on dénombre autant d’établissements de la sphère présentielle que productive. 

Davantage de femmes dans la sphère présentielle

De part et d’autre de la frontière, l’emploi féminin est à dominante présentielle : près des trois-quarts des emplois féminins de l’Arc jurassien sont de nature présentielle contre la moitié des emplois masculins, en 2018. Les femmes y représentent 55 % des emplois présentiels, alors qu’elles occupent seulement 34 % des emplois productifs. Cette féminisation est plus marquée dans la partie française, où les femmes sont 58 % à exercer un emploi présentiel, contre 54 % dans la partie suisse. Le secteur de la santé et du social est le plus fortement féminisé, près de huit emplois sur dix y sont exercés par des femmes. Il en est de même pour l’enseignement, où les femmes représentent un peu plus de sept employés sur dix. Ces deux secteurs d’activité sont de gros pourvoyeurs d’emplois présentiels.
Depuis 2011, on comptabilise 19 000 emplois féminins supplémentaires dans les activités présentielles de l’Arc jurassien, essentiellement dans les secteurs d’emplois très féminins tels que la santé et le social (+ 15 %) et l’éducation (+ 10 %). L’emploi présentiel a davantage augmenté chez les femmes (+ 7 %) que chez les hommes (+ 5 %). 

L’offre d’emplois présentiels par habitant est plus abondante en Suisse

Dans les zones rurales peu pourvues en emplois, les activités présentielles y représentent une part importante de l’emploi total. En revanche, l’emploi présentiel rapporté à la population est plus élevé lorsque on s’approche des zones urbaines denses. En effet, les grandes agglomérations et les métropoles cumulent, à côté des services qu’elles offrent à leur propre population, des services à une population plus large en raison de la présence de sièges d’administrations publiques et hôpitaux, de concentration de zones commerciales, d’offre de service à long rayon d’action (finance par exemple), et d’une offre touristique et culturelle plus abondante.


L’Arc jurassien ne déroge pas à la généralité de cette règle. Dans les activités présentielles, le nombre d’emplois rapporté à la population affiche de fortes disparités entre les deux versants de l’Arc jurassien. Ce rapport est plus élevé dans l’Arc jurassien suisse que dans l’Arc jurassien français : 356 emplois pour 1 000 habitants contre 240. Selon le degré d’urbanisation des communes établi par Eurostat (voir méthodologie en page 8), 45 % de la population de l’Arc Jurassien français réside en milieu rural, alors que cette proportion est seulement de 25 % dans l’Arc Jurassien suisse. Cette urbanisation de la partie suisse de l’Arc jurassien explique pour moitié le plus grand nombre d’emplois présentiels qui est offert.
D’autres éléments comme la structure de la population et le dynamisme du marché du travail en Suisse expliquent en partie cette différence. La part de la population en âge de travailler y est aussi plus forte. Enfin, les taux d’activité sont plus importants du côté suisse, notamment en raison d’un plus grand nombre de jeunes en apprentissage et au recours plus important au travail partiel et contribuent aussi positivement à cette différence.

L’offre d’emplois présentiels par habitant est particulièrement importante dans la partie hors territoires de coopération de l’Arc jurassien suisse, avec 393 emplois présentiels pour 1 000 habitants. Cette zone est aussi plus densément peuplée et plus urbanisée, seuls 18 % de ses habitants résident dans une commune rurale. 
La métropole de Lausanne et les villes de Bienne et Neuchâtel accueillent des services et des équipements (centres administratifs, établissements universitaires, hôpitaux...) qui profitent à un territoire plus large.

Côté français, la partie hors territoire de coopération est bien moins dense et plus rurale que la partie suisse. Elle ne compte que 271 emplois présentiels pour 1 000 habitants. En revanche, à Besançon, la part de l’administration publique dans l’emploi présentiel est particulièrement élevée. 

Un profil de l’emploi présentiel spécifique à chaque territoire

Pris dans leur ensemble, les territoires de coopération sont situés dans des zones de montagne et 45 % de leur population réside en zone rurale. Ils sont donc relativement peu denses et ne comportent pas de grande métropole. Les activités présentielles y sont ainsi moins développées en moyenne que dans l’ensemble de l’Arc jurassien, mais restent tout de même majoritaires (55 % de l’emploi total). Elles se caractérisent par une moindre part de services marchands (secteur de l’assurance et de la finance), du secteur de l’éducation et de la jeunesse (enseignement supérieur) et du secteur de la santé et du social du fait de la moindre présence de structures hospitalières lourdes. 


Les quatre territoires de coopération offrent 245 emplois présentiels pour 1 000 habitants contre 304 dans l’ensemble de l’Arc jurassien franco-suisse. Le commerce et les services au public sont les secteurs où le nombre d’emplois rapporté à la population est le plus proche de la moyenne de l’Arc jurassien franco-suisse. Les services marchands offerts à la population sont deux fois plus nombreux du côté suisse. Cette offre supérieure côté suisse peut-être du moins partiellement mise sur le compte du dynamisme de l’emploi productif du côté suisse (activités de l’économie présentielle tournées vers les entreprises) et sur la consommation des personnes présentes en journée mais n’y résidant pas (frontaliers et pendulaires).

La plus faible densité de l’emploi présentiel se situe dans le territoire des Parcs du Doubs - Agglomération urbaine du Doubs

Parmi les territoires de coopération, le territoire des Parcs du Doubs - Agglomération urbaine du Doubs est celui qui affiche la plus faible densité d’emplois présentiels par habitant (220 emplois pour 1 000 habitants en 2018). Dans ce territoire, l’industrie manufacturière, avec près de 43 % des emplois, occupe une place prépondérante dans le tissu économique local. L’industrie horlogère et de précision y est également fortement implantée, notamment dans la partie suisse de ce territoire. Conséquence de ce positionnement très industriel, l’emploi présentiel n’y représente que 41 % de l’emploi total. Les activités présentielles se localisent principalement à La Chaux-de-Fonds, plus urbaine, et dans les communes touristiques des Franches-Montagnes où l’hôtellerie-restauration y est particulièrement développé.

La partie française du territoire des Parcs du Doubs - Agglomération urbaine du Doubs, bien que plus peuplée, est la moins industrialisée et la plus rurale. Le taux d’emploi présentiel pour 1 000 habitants y est comparable à l’Arc jurassien français et les activités présentielles se situent essentiellement à Valdahon et Morteau. La part de l’emploi relevant des services au public y est plus élevée que dans les autres territoires de coopération du côté français, les activités présentielles du secteur concurrentiel y sont moins développées.

Une économie présentielle davantage orientée vers les services touristiques dans le Haut-Jura franco-suisse - Vallée de Joux 

Dans le Haut-Jura franco-suisse - Vallée de Joux, l’économie présentielle est plus développée dans la partie helvétique, pourtant quatre fois moins dense en population, que dans la partie française. Les activités présentielles se localisent dans les communes urbaines du bord du lac Léman, notamment à Nyon. Dans cette commune, un emploi sur six appartient aux services marchands. Ils sont beaucoup plus développés, en particulier dans le secteur des assurances et de la finance. Dans la Vallée de Joux, l’importance de la filière horlogère diminue la part de l’emploi présentiel. Celle-ci se situe ainsi dans la moyenne de l’Arc jurassien suisse. Côté français, près de la frontière du département de l’Ain, l’industrie de la plasturgie offre de nombreux emplois. La part de l’emploi présentiel y est ainsi relativement faible (56 % de l’emploi total).


Près des stations des Rousses et du Haut Jura, l’économie présentielle s’est davantage développée grâce aux activités liées au tourisme. Celles-ci sont également bien présentes du côté suisse, où 5 % relèvent des emplois des activités du tourisme. 

Pontarlier offre des commerces diversifiés aux portes de la Suisse


L’Aire de proximité Mont d’Or - Chasseron affiche la plus forte part d’emploi présentiel. Dans ce territoire, le moins industriel de l’Arc jurassien, le commerce et les services marchands sont bien implantés. La densité de supermarchés et d’hypermarchés y est supérieure au reste de l’Arc jurassien et les commerces non alimentaires y ont une part importante. Le secteur de la construction y est stimulé par la forte croissance démographique et les constructions de logements neufs. Dans la partie française, la part de l’emploi présentiel s’élève même à 68 % de l’emploi total. Certaines communes concentrent un nombre d’emplois présentiels par habitant relativement élevé. C’est le cas de Pontarlier, qui dispose d’une vaste zone commerciale largement fréquentée par une clientèle suisse proche. Rapportée à sa population, elle offre de nombreux emplois dans le secteur du commerce de détail, davantage que la métropole lausannoise ou l’agglomération de Bienne. Le secteur de la santé y est également bien représenté. Dans la partie suisse, l’offre d’emplois présentiels par habitant est importante à Yverdon-les-Bains, qui accueille un établissement de formation supérieure, un centre thermal et un grand hôpital

Delémont et Porrentruy, de petites centralités riches en emplois présentiels

Dans le Nord Franche-Comté - Canton du Jura les activités présentielles offertes à la population se situent dans la moyenne des quatre territoires de coopération. Dans ce territoire, où seulement 20 % de la population de la partie française réside dans  des communes à caractère rural, ce sont les aires urbaines de Belfort et Montbéliard qui polarisent l’emploi présentiel. À Belfort, l’administration publique est importante, de même que le secteur de la santé. À Montbéliard, le secteur de la construction est peu développé, en lien avec la baisse démographique. 

Côté suisse, les communes de Delémont et Porrentruy offrent de nombreux emplois présentiels. Globalement, du côté suisse de ce territoire, moins dense, la part de l’emploi présentiel est plus élevée : 305 emplois pour 1 000 habitants appartiennent à cette sphère contre 232 du côté français. Ce surplus d’emploi présentiel dans la partie suisse n’est pas lié spécifiquement à un secteur en particulier, ils sont dans leur globalité plus développés qu’ailleurs.

Méthodologie

De la théorie économique à l’observation statistique sur les territoires 

Selon la « théorie de la base », le développement d’un territoire dépend de sa capacité à produire pour vendre à l’extérieur et donc à capter des revenus extérieurs. Mais il peut aussi être fondé sur sa capacité à attirer des populations ayant un revenu élevé qu’elles dépensent localement. Ainsi, un territoire sans base productive importante mais attractif pour une population de retraités aux revenus élevés peut être riche parce que cette population retraitée y dépense son revenu.
L’absence de comptes économiques « complets » pour l’ensemble des entités territoriales, quelle que soit leur taille, ne permet pas aux offices de statistique de s’inscrire directement et rigoureusement dans le cadre de cette théorie fondée sur les revenus. C‘est pourquoi d’autres approches ont été développées en s’appuyant sur une comptabilisation de l’emploi dans les activités considérées comme présentielles.


L’économie présentielle est l’ensemble des activités mises en œuvre sur un territoire pour la production de biens et de services destinés à satisfaire les besoins des populations présentes, résidentes ou touristiques. Ces activités sont orientées vers les marchés locaux, leur évolution dépend donc de la répartition de la population sur un territoire. Parmi les principales activités présentielles figurent l’éducation, la santé et l’action sociale, l‘administration, la construction, l’hôtellerie et la restauration, les activités financières et le transport de voyageurs. 
Les activités ne relevant pas de la sphère présentielle sont dites « productives », leur production n’a pas pour vocation à s’adresser en priorité aux acteurs locaux ou régionaux. Il s’agit avant tout de produits manufacturés majoritairement orientés vers l’exportation ainsi que les activités de services tournées principalement vers les entreprises. On y trouve notamment l’agriculture, la plus grande partie de l’industrie, le commerce de gros, le transport routier, les services aux entreprises et les activités liées à l’énergie.

Principe de répartition des activités économiques entre activités présentielles et productives

Compte-tenu des définitions, la plupart des activités sont affectées facilement à l’une des deux sphères. Pour les secteurs d’activité qui posent plus de difficultés, un certain nombre de critères ont été mis en œuvre. Par ordre de priorité, il s’agit de :

  • la concentration sur certains territoires : lorsque l’emploi d’un secteur est très concentré sur certains territoires, on peut penser qu’il satisfait des besoins en dehors du champ local ce qui doit amener à le classer en sphère productive. En pratique, on calcule le nombre d’emplois du secteur pour 100 000 habitants pour chaque zone d’emploi de France métropolitaine et on regarde l’évolution de ce ratio d’une zone à l’autre ;
  • la répartition de l’emploi entre entreprises et ménages : lorsque l’activité est principalement destinée à une entreprise, le secteur concerné est classé dans la sphère productive. C’est le cas du secteur des transports dont les activités sont réparties entre ces deux sphères;
  • la taille moyenne des établissements : si on considère que les petits établissements ont plus de difficulté à « exporter » leurs productions de biens et services, les secteurs où plus de la moitié des établissements ont moins de deux salariés ont été classés dans la sphère présentielle.

Cas particuliers de rattachement aux activités présentielles dans cette étude

Dans le cas particulier de cette étude, la définition des activités présentielles a été réalisée par rapprochement entre les données françaises selon la NAF 2008 et les données suisses selon la NOGA 2008. La concordance est établie pour la très grande majorité des postes sauf pour les activités des classes « 1013 - Préparation de produits à base de viande » et « 1071 - Fabrication de pain et de pâtisserie fraîche ». La nomenclature suisse ne fait pas de distinction selon le caractère artisanal ou non de l’activité. Les emplois dans ces deux classes d’activités pèsent peu dans l’emploi présentiel total.

La liste détaillée des activités définies comme étant présentielles est renseignée dans les deux nomenclatures d’activités nationales. Elle figure dans le fichier « Grille économie présentielle NAF2008 NOGA2008.pdf » mis à disposition sur le site de l’OSTAJ en lien avec cette publication.

Degré d’urbanisation

Les statistiques par degré d’urbanisation permettent une observation analytique et descriptive de zones urbaines et zones rurales. Le degré d’urbanisation (DEGURBA) est une classification d’Eurostat qui indique le caractère urbain ou rural d’une zone. 
Cette classification est basée sur la grille de la population pour 2011 et les limites d’unités administratives locales (UAL) pour 2016.  En fonction de la proportion des populations locales résidant dans des grappes urbaines et des centres urbains, elle classe les unités administratives locales (UAL ou municipalités) en trois types de zones :

  • Villes (zones à forte densité de population) 
  • Villes moins peuplées et banlieues (zones à densité intermédiaire)
  • Zones rurales (zones à faible densité de population).

Lien: https://ec.europa.eu/eurostat/fr/web/degree-of-urbanisation/background

Les sources et nomenclatures utilisées

Pour la France, les recensements de population fournissent les volumes d’emplois présentiels par activité économique détaillée dans la nomenclature utilisée. Le RP2018 est constitué à partir de cinq années de collecte des enquêtes annuelles de recensement, celles de 2016 à 2020. Le RP2011 est constitué à partir de cinq années de collecte des enquêtes annuelles de recensement, celles de 2009 à 2013.

Pour la Suisse, les données de 2018 sont issues de la Statistique structurelle des Entreprises (STATENT) et ventilées selon la Nomenclature Générale des Activités (NOGA). La population est issue de la source STATPOP au 31 décembre 2018.

Nomenclature fonctionnelle de synthèse de l’économie présentielle 

Afin d’analyser plus finement les activités présentielles, une catégorisation fonctionnelle a été utilisée. Elle est le résultat de regroupements sectoriels homogènes du point de vue des caractéristiques des activités correspondantes et de la fréquence des transactions offre/demande. Les 248 postes de la sphère présentielle ont ainsi été regroupées en 31 catégories de services présentiels, eux-mêmes regroupés en sept sous-groupes.

Les secteurs des emplois touristiques

Les services touristiques sont l’ensemble des secteurs contribuant au tourisme, ils sont inclus dans l’économie présentielle mais dépendent de plusieurs groupes et sous-groupes de la nomenclature Datar. Afin d’évaluer l’économie présentielle « touristique » dans son ensemble une deuxième nomenclature intitulée « les secteurs d’activité de l’emploi touristique » est utilisée : elle inclue les activités touristiques (Activités des agences de voyage, activité des voyagistes, Téléphériques et remontées mécaniques et autres services de réservation et activités connexes), hôtels, hébergements touristiques, terrains de camping, restauration traditionnelle, cafétéria, restauration rapide, débits de boisson et entretien corporel.

Ces deux nomenclatures sont tirées du rapport de recherche de la DATAR : « Analyse économétrique de la croissance de l’économie présentielle en France » - Mars 2014.

Construction

  • Travaux publics

  • Bâtiments

Commerce

  • Fabrication de denrées alimentaires, de boissons...

  • Commerce et réparation automobile

  • Grandes surfaces à prédominance alimentaire

  • Magasins d'alimentation spécialisés ou non

  • Autres commerce de détail, réparations...

Transport

  • Transports ferroviaires

  • Transports routier de voyageurs

  • Transport aériens

Services marchands dont activités touristiques

  • Hôtels et restaurants

  • Infrastructures de Télécommunications

  • Assurance et Finance

  • Promotion, gestion immobilières

  • Activités touristiques

  • Autres activités récréatives, culturelles et sportives

  • Services personnels

  • Services domestiques

Éducation jeunesse

  • Petite enfance

  • Enseignement primaire et secondaire

  • Enseignement supérieur

  • Autre enseignement

Santé et social

  • Hôpitaux

  • Activités libérales

  • Service de santé

  • Hébergement médicalisés et social

  • Aide sociale

Service au public

  • Production et distribution d'eau, assainissement...

  • Activité de poste et de courrier

  • Administration publique

  • Activités associatives

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Rédaction 

Noreddine Hmamda  - Service de statistique, Neuchâtel

Caroline Desnoyers et Jérôme Mathias - Insee Bourgogne-Franche-Comté


www.ostaj.org - ostaj@ne.ch

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Édition novembre  2021

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